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Le pseudo-tambour du scanner Imacon Flextight est relié à son moteur d’entrainement par deux courroies crantées montées en série sur un enchainement de poulies. Il peut arriver que ces courroies s’usent, se détendent ou s’abîment, par exemple si quelque chose venait à coincer ou forcer la mécanique.

Il convient alors de remplacer les courroies, une opération assez simple

Outillage
• Outil plat et fin assez solide pour faire levier
• Tournevis ou clé hexagonale 2,5 mm
• Crochet type sonde de dentiste, pour décrocher et raccrocher des ressorts

Les courroies sont des courroies dites de distribution ou synchrones, avec les caractéristiques suivantes :
• Pas métrique 2,5 mm
• Largeur 6 mm
• Longueur 245 mm
• 98 dents d’une hauteur de 0,7 mm
• Matériau : polyuréthane
J’ai trouvé les miennes chez Radiospares, mais on doit pouvoir en trouver ailleurs, même sur eBay.

Il faut tout d’abord retirer le capot latéral droit (en regardant de face), une simple plaque épaisse maintenue par des aimants, à l’aide de l’outil levier, pour découvrir le train d’entrainement : une petite poulie en arrière-plan vers le bas connectée au moteur, la courroie du fond la relie à une grande poulie masquée en partie par une platine noire. Cette grande poulie partage son axe avec une petite poulie qui entraine la courroie au premier plan. Enfin cette dernière entraine la grande poulie qui est reliée au tambour. Chaque courroie est dotée d’un tendeur avec une poulie noire et un ressort.

Commençons par décrocher avec la sonde le ressort de chaque tendeur.

On peut alors retirer la courroie au premier plan de sa grande poulie et finir par l’ôter de sa petite poulie.

La platine supportant la seconde poulie est maintenue par trois vis à empreinte hexagonale qu’il faut dévisser pour déposer cette plaque. Cela permet de finir de retirer la seconde courroie. Notez que le groupe petite poulie avant et grande poulie arrière se retire également

On peut en profiter pour vérifier l’état des poulies, les nettoyer si elles comportent des résidus de caoutchouc provenant de la courroie usagée.

Ensuite on installe les nouvelles courroies, en suivant l’ordre inverse des opérations que nous venons d’effectuer :
• Replacer la grande poulie du fond sur son pivot et installer la courroie du fond
• Replacer la platine et la visser
• Replacer la courroie avant en commençant par sa petite poulie
• Raccrocher les ressorts tendeurs

Avant de refermer le couvercle, nous allons contrôler le scanner en le rebranchant et en effectuant une prévisualisation. Si tout va bien, on confirme le contrôle par un scann complet.
Normalement cette opération de maintenance ne devrait pas avoir modifié la qualité de scann mais effectuer les procédures d’étalonnage ne fera de toute façon pas de mal.

L’excellent constructeur de chambres techniques Arca Swiss a conçu et vendu assez brièvement un accessoire pour ses chambres moyen- et grand-format surnommé Brainbox, une petite rareté.
Cet appareil sert à déterminer le diaphragme pour obtenir un champ net entre deux points en profondeur de la scène.

Le principe mécanique est celui d’un comparateur, avec un bras extensible poussé par un ressort qui actionne un tableau déroulant dans une fenêtre.

Ce tableau comporte d’une part une échelle sur fond blanc qui affiche l’écart de déplacement du chariot entre le premier et le second point net, avec une amplitude maximale de 33,5 mm, et d’autre part une série de colonnes rouges et vertes affichant les diaphragmes possibles par tiers de valeurs, selon les formats 6×9, 4×5 po, 5×7 po et 8×10 po, les colonnes vertes étant pour une mise au point lointaine autour de l’infini et les colonnes vertes pour une mise au point proche avec un grandissement autour de 1:4.

L’objet se place sur le rail de la chambre derrière le corps arrière, et coulisse avec une friction assez forte qui lui permet une fois en place de ne plus bouger.

On met au point le corps arrière sur le premier plan que l’on veut net, puis on cale la Brainbox en butée contre le chariot arrière.
Ensuite on effectue la mise au point sur l’arrière-plan que l’on souhaite net, donc en avançant le corps arrière.
Enfin on appuie sur un petit bouton sur le côté de la Brainbox pour libérer le bras qui s’allonge jusqu’à buter contre le chariot arrière et fait défiler le tableau dans la fenêtre de lecture.

L’index dans la fenêtre de la Brainbox permet de lire dans la colonne rouge ou verte du format utilisé l’ouverture correcte, et dans l’échelle blanche l’écart de déplacement du chariot entre les deux points choisis.

Il ne reste plus qu’à reporter le diaphragme sur l’objectif et reculer le chariot de la moitié de l’écart mesuré sur l’échelle blanche.

Enfin pour verrouiller le bras en position rentrée, il suffit de le repousser jusqu’au fond avec le doigt.

L'Arca Brainbox en action
La Brainbox en action

Cet outil peut également servir à mesurer un angle de bascule du corps arrière, mais il nécessite un patron destiné à tracer sur le dépoli de la chambre un repère nécessaire. Malheureusement ce patron n’est quasiment jamais fourni avec les Brainbox que l’on peut dégoter d’occasion, et Arca n’a pas été en mesure de me donner la moindre information à son sujet lorsque j’ai eu l’occasion de leur demander.

Voici toutefois ce que dit le mode d’emploi (traduction personnelle de l’anglais) :

Découper le patron aux dimensions de votre format et tracer le carré sur le dépoli avec un stylo indélébile. Le centre du dépoli doit être calé sur le réticule (NDLR : du patron j’imagine).
Au lieu de mettre au point sur les points avant et arrière de la scène, mettre au point sur les marques horizontales (57 ou 114 mm). La ligne supérieure correspond au point proche, la ligne inférieure correspond au point éloigné, procédé comme décrit ci-dessus (NDLR : comme pour le choix du diaphragme). Le facteur d’extension (NDLR : sur la règle blanche de la fenêtre) se transpose en angle de bascule avec les ratios suivants :

• Ligne inférieure (57 mm) pour format 6×9 et 4×5 po : 1 mm = 1 °
• Ligne supérieure (114 mm) pour format 5×7 po et 8×10 po : 1 mm = 0,5 °

Note : Selon la règle de Scheimpflug, les bascules ne donnent pas un résultat identique entre le corps avant et le corps arrière. et ne sont pas interchangeables.

Je retenterai d’en discuter lors d’un prochain passage à Besançon — car cette entreprise créée en 1920 à Zürich, rachetée en 1984 par M. Vogt, un de ses ingénieurs, est devenue bisontine en 1999 !

Plaubel Peco Junior 6x9 modifiée

La chambre technique Plaubel Peco Junior 6×9 est plus limitée que sa grande sœur Peco Junior 9×12, notamment elle ne possède pas de mouvements de bascule sur le corps avant, essentiels pour travailler la profondeur de champ. Ces deux chambres ont un style identique et partagent certains éléments, mais les corps avant sont incompatibles du fait de dimensions de planchettes différentes : 96 mm de côté pour la 6×9, 120 mm de côté pour la 9×12. On peut toutefois remarquer que les barreaux verticaux sur lesquels coulissent les cadres avant sont de même section.

Ce détail m’a permis d’imaginer adapter un corps avant de 9×12 au format de la 6×9 afin de la doter de bascules avant, et j’ai pu passer à l’acte après avoir trouvé d’occasion un corps avant de 9×12 sans chariot.

Le corps avant de la 9×12 est constitué de :
• un chariot sur rail identique à celui de la 6×9, avec entrainement par crémaillère,
• surmonté d’un support large pivotant selon l’axe vertical,
• sur lequel coulisse latéralement une platine,
• dotée de deux montants latéraux,
• sur lesquels pivote la partie porte-cadre avant, composée de :
• deux barreaux verticaux de même section carrée que sur la 6×9,
• solidarisés par un barreau horizontal de section rectangulaire,
• et enfin le cadre porte objectif.

Première intervention
Perçage de deux trous sur le chariot : contrairement au support de la 6×9 fixé par quatre vis, le support pivotant latéralement de la 9×12 tient par deux vis.

Deuxième intervention
Réduction de la largeur de la platine coulissante latéralement, en sciant une extrémité à la longueur voulue, puis perçage et taraudage des deux trous permettant de revisser le montant latéral et du trou pour la vis de butée située sous la platine.

Un cache se place normalement sur l’ensemble platine et base des montants latéraux, et comporte sur sa face avant une graduation du décentrement latéral. Il doit également être raccourci, percé pour laisser passer les vis du second montant latéral, et il a besoin d’une nouvelle graduation adaptée, gravée sur la face arrière vierge, le cache étant alors remonté avec cette nouvelle gravure vers l’avant.
Ou bien on peut décider de se passer de ce cache et graver la nouvelle graduation sur la platine coulissante directement.

Troisième intervention
Réduction de la largeur du barreau rectangulaire reliant les deux barreaux carrés verticaux. Là encore en le sciant sur un côté et en perçant les trous nécessaires à l’assemblage avec le barreau : trois trous dont un taraudé.
La perpendicularité de la coupe du barreau et des perçages est particulièrement critique pour le parallélisme des barreaux verticaux.
Comme le logo Plaubel sera en partie coupé, le barreau sera retourné pour qu’on ne le voie plus.

Quatrième intervention
Les barreaux verticaux comportent chacun pour la bascule un dispositif de crantage selon certains angles dont le point zéro vertical, consistant en une tige traversant le barreau, dépassant du côté externe en un téton arrondi, et en appui côté interne sous une lame-ressort vissée qui constitue un relief sur le barreau.
La structure interne du cadre avant 9×12 prend bien entendu ce relief en compte pour pouvoir coulisser sur toute la longueur.
Ce dispositif n’existant pas sur la 6×9, la structure interne du cadre avant 6×9 ne le prend pas en compte et coince contre la vis, empêchant le cadre de coulisser sur toute sa course.
La solution est de creuser le barreau sur 1 mm à cet endroit afin que la lame-ressort et sa vis ne dépassent plus du barreau et permettre ainsi au cadre de coulisser sur toute la longueur.
La tige-téton traversant le barreau doit être raccourcie d’autant.

Dernière intervention
Raccourcissement du haut des barreaux verticaux afin de conserver la compacité du corps avant originel.

Animation modification Plaubel Peco Junior 6x9

Résultat
Le corps avant 6×9 étant moins haut et aucune fonction du corps avant 9×12 n’étant déplacé en hauteur, il en résulte que sur l’adaptation 6×9, l’axe horizontal de bascule n’est plus centré mais franchement décalé vers le haut du cadre, sans être aussi excentré que sur les Linhof Technika, aux environs du tiers supérieur.

Autre limite : les barreaux verticaux étant solidarisés par un large barreau horizontal sur lequel le cadre vient buter, le cadre ne peut coulisser plus bas que le point zéro d’origine. Pour décentrer vers le bas, il faut soit basculer toute la chambre et redresser les deux cadres, soit placer la chambre tête en bas, comme on le ferait avec une chambre Hasselblad Arcbody.

Autre intervention accessoire possible
Le système de bascule est donc doté de crans correspondant à des angles réguliers : 0°, ±10°, ±20°, basé sur une plaque de métal sur chaque montant latéral avec des entailles d’environ 1 mm de large, permettant au téton des montants pivotant de se caler dans ces trous.
On pourrait imaginer ajouter des entailles correspondantes à des angles de bascule différents, voire de refaire ces plaques uniquement avec les angles que l’on utilise le plus.

Outillage
Pour ce bricolage, j’ai utilisé du matériel amateur Proxxon : perceuse sur colonne avec table croisée et étau, scie circulaire sur table, d’une précision relative mais suffisante en étant soigneux.
L’idéal eut été un matériel professionnel (et une formation) pour atteindre une précision supérieure ; comme m’expliquait un ami prof en école de micro-mécanique : plus on veut faire un travail petit et précis, plus l’outil est gros et lourd !

Plaubel Peco Junior 6x9

Le constructeur allemand Plaubel commercialisa de 1958 à 1961 la chambre Peco Junior 6×9.
Il s’agit d’une chambre technique monorail en aluminium compacte et légère, moins modulaire et plus limitée que les systèmes complets professionnels, qui bénéficie néanmoins d’une qualité de construction très soignée.

Elle est dotée des caractéristiques suivantes :

Corps avant
Les mouvements sont à friction sans engrenage, la platine horizontale et les montants latéraux verticaux sont gradués en centimètres.
• décentrement vertical + 55 / – 28 mm ;
• décentrement latéral ± 45 mm.
Des molettes permettent de verrouiller les réglages effectués.
Le dessus du cadre comporte une griffe porte-accessoire.

Corps arrière
Les mouvements se font à la base sur une rotule orientable tout azimut.
• bascule sur axe horizontal ± 35° ;
• bascule sur axe vertical ± 65°.
Un ressort replace le cadre au point zéro et une molette permet de verrouiller la rotule dans la position choisie.
Deux niveaux à bulle permettent de contrôler la verticalité du cadre.
Le dessus du cadre comporte une griffe porte-accessoire.

Tirage
62 à 250 mm (62 à 130 mm avec soufflet ballon) sur un rail de 280 mm à crémaillère.
Les charriots sont dotés de deux molettes coaxiales :
• une molette à engrenage pour le déplacer ;
• une molette en croix pour verrouiller sa position.

Dimensions
• Hauteur 210 mm
• Largeur 126 mm
• Masse 1460 g (chambre avec dépoli et planchette, sans dos ni objectif, selon le constructeur).

Objectifs
Les objectifs se montent sur des planchettes en aluminium carrées à bord arrondi de 95 mm de côté.

Le cadre avant standard permet de monter ces planchettes avec optiques courantes de 65 à 210 mm et télé-objectifs jusqu’au 240 mm, à l’époque principalement sur obturateurs Synchro Compur #00 à #1.
Il existe un cadre avant spécial reculé conçu pour le Super Angulon 47 mm f/8.

Soufflets
Deux soufflets interchangeables sont disponibles : un soufflet en cuir plié normal (existe en noir ou en rouge) et un soufflet ballon pour grand angle en toile noire.

Supports film
Le cadre arrière peut recevoir l’une des deux planchettes arrières carrées à bord arrondi de 120 mm de côté dans le sens horizontal comme vertical :
• une planchette à dépoli sur ressort pour insérer des châssis double plan-film 6,5×9 ;
• une planchette à monture par glissière pour monter cadre dépoli, châssis simple plan-film 6,5×9 et dos à film 120 ou 135, monture que l’on retrouvait sur les Plaubel Makina et les matériels Arca Swiss de l’époque.

Les dos à film Plaubel permettent l’avancement automatique vue par vue.

Les dos de marque Rada sont plus simples et comportent une double fenêtre rouge protégée par un volet pour contrôler l’avancement à la vue suivante, chaque fenêtre permet de suivre la numérotation 6×6 ou 4,5×6 (et par extension 6×9, un numéro sur deux). De format nominal 6×9, ces dos peuvent recevoir des masques réducteurs de format 4,5×6 et 6×6.

Il existe aussi un dos recevant le film 135 au format 24×36.

D’autres accessoires figurent au catalogue dont un viseur capuchon pliant, un pare-soleil compendium, des filtres, une valise à compartiments dédiée et même une double poignée pour utilisation à main levée !

Portrait de famille
Cette petite chambre a une grand sœur : la Peco Junior 9×12, dont la taille lui permet d’avoir des mouvements plus complets et séparés : bascules et décentrements à l’avant, décentrement horizontal et bascules à l’arrière. Elle utilise des planchettes de 120 mm de côté.
Plaubel a également commercialisé un boitier reflex 6×9 de studio avec soufflet et mouvements avant, doté du même corps avant que la Peco Junior 9×12 : le Pecoflex.
Ce boitier reflex se retrouve en version simple monobloc sans mouvements avants : le Makiflex.
Enfin Plaubel commercialisait à la même époque un système de chambre monorail professionnel plus complet : la gamme Peco, évoluant en Supra, Universal et Profia, couvrant selon les modèles les formats 6×9 à 8×10″.

Cette animation présente le fonctionnement d’un obturateur pneumatique Packard, inventé au XIXe siècle et toujours produit !

Le principe est assez rudimentaire : une poire actionne l’obturateur à trois lamelles qui comporte deux modes de fonctionnement, instantané et bulb (la poire en caoutchouc en anglais, c’est la pose B des obturateurs courants).

Le choix du mode de fonctionnement se fait en enfonçant un clou dans un trou de la façade (figuré par le petit cercle gris en haut à droite de l’obturateur) ou en l’ôtant.

L’obturateur est ici en mode instantané : La pièce verte en haut pivote autour du clou et débraye le piston lorsque la translation d’ouverture des lamelles est terminée afin que celles-ci se referment « instantanément » par gravité. Cela donne un temps de pose théorique de 1/25s.

Sans le clou, la pièce ne pivote plus et ne débraye plus le piston des lamelles, ce qui fait que tant qu’on n’a pas relâché la pression sur la poire, l’obturateur reste ouvert.

Évidemment le principe mécanique de l’obturateur impose qu’il soit bien d’aplomb ; penché en avant, en arrière ou sur le côté, il fonctionnera plus lentement, voire ne fonctionnera pas.